PORTRAIT ARTISTE
Félix RobertFreg Luis Castro GuerritaBelmonteManzanares
Cùchares

HemingwayPablo PicassoGoya

Jean Cazenabe dit Félix Robert  Premier torero Gascon Landais




Bien avant Castella, Bautista, Lescarret , Jean Cazenabe fut le premier torero francais.

Né en 1862 à Tartas, il fit un début dans la course landaise  jusqu'en 1891 où il s'oriente vers la course Hipano-Landaise. Après une tournée aux USA, il décide de s'inscrire à l'école de tauromachie de Séville d'où il sort diplômé , il prit l'alternative en 1894 à Valencia  face à des toros de la ganaderia Conradi , son parrain fut Fernando Gomez "El Gallo"  .

La même année face à l'interdiction préfectorale relative à la loi Grammont, la ville de Dax maintient sa corrida .
Les forces de l'ordre interviennent et le désordre s'installe.
En intervenant sur la piste , le toro se fit un devoir de déloger le clairvoyant commissaire de police . Effrayé, l'intrus, le "diable " aux fesses,  laisse échapper le toro. Semant l'effroi et la terreur le toro, traversant le parc poursuit son chemin en direction de la fontaine,  Félix Robert réussit à le rattraper et à le tuer dans une rue  dont le nom (rue du Toro)  commémore l'incident.

En 1895 à Barcelone, le taureau navarrais de la ganadería de Ripamilan, de félix entre en piste et   ... saute dans les gradins  mais fort heureusement ne blesse personne. Immobilisé par la cuadrilla, la guardia civil l'abbatit tout en tuant un employé des arènes ...

Poursuivant sa carrière , Félix fut confirmé   à  Madrid le 2 mai 1899, son parrain fut Minuto face à des toros de Perez de la Concha. A cette occasion, orthodoxie oblige, Félix fut obligé de couper ses fameuses moustaches.

Face au protectionnisme espagnol, déjà très important à l'époque, Félix continua son honorable carrière en Europe et en Amérique.
Il devint impressa de ciudad de Jerez et mourut en 1916.

Après lui, seuls deux  français furent toreros en 75 ans ;  l’Arlésien Pierre Pouly en 1920 et l’Alsacien Pierre Schull en 1958. Seize depuis 1971, de Roberto Piles à Sebastien Castella  aujourd’hui.

Bibliographie : "Les aventures de Felix Robert, premier matador français" par J. P. Fabaron

Auteur : christophe

Freg Luis Castro ( don Valor ) le torero aux 6 extrême-onction et 72 coups de cornes.




Torero  né dans le district féderal de la capitale " México"  le 21  juin 1890, il prit l'alternative avec Lagartijillo le 23  octobre 1910 dans la plaza Mexicaine . En Espagne, il renouvelle son alternative à  Alcalá de Henares en 1911 et fut confirmé à  Madrid le 24  septembre de la même année des mains de Mazzantinito.

Spécialiste des mises à mort sincères et  spectaculaires , il fut un véritable miraculé de la corrida avec plus de 72 blessures, 100 cicatrices et 6 extrême-onction dans une époque où la médecine moderne n'était alors qu'à son balbutiement ( la pénicilline - antibiotique permettant de lutter contre les infections bactériennes - , découverte en 1921  par l'Ecossais Fleming a été introduite dans des thérapies qu'à partir de 1941 ).

 Touché  à l'abdomen, à la fémorale (artère amenant du sang oxygéné vers les membres inférieurs et le bassin ) et la saphène ( veine se jetant dans la fémorale ) , il resta plusieurs fois entre la vie et la mort ; il disait d'ailleurs " avoir vu la mort tourner plusieurs fois autour de son lit sans vouloir l'approcher ". A mexico,  après une blessure à la poitrine , un journaliste annonça prématurément sa mort .

Dans son roman mort dans l'après - midi , Ernest Hemingway écrivit que  " ses jambes étaient déformées et noueuses à cause  des cicatrices , comme les branches d'un vieux chêne ".

Pratiquement ruiné par autant de blessures ( une souscription publique à Barcelone fut lancée en sa faveur ) il connut quelques succés à Algesiras et est considéré comme le premier torero à avoir coupé une queue.
Son frère connut aussi un destin tragique car il fut décapité par un novillo de Contreras à Madrid en 1914.

Jean de Lafontaine écrivait " On rencontre sa destinée souvent par les chemins qu'on prend pour l'éviter "; Freg Luis, héroïque aussi dans la vie,  périt noyé dans le río Palizar, à Veracruz, le 12 novembre 1934, alors qu'il tentait de sauver un enfant. 
   
Auteur : christophe

Guerrita ( l'homme du sorteo )

guerrita

Rafael Guerra Bejarano dit « Guerrita » , né à Cordoue  le 6 mars 1862, mort en 1941 .« Guerrita » fut sans doute l’un des plus grands matadors de sa génération : insurpassable avec les banderilles, d’une parfaite maîtrise avec la muleta, infaillible avec l’épée et spécialisé dans le recibir. 

 Avec  El Espartero , Antonio Reverte, Antonio Fuentes, « Algabeño », « Bombita », « Largatijo » et Luis Mazzantini, il marqua la tauromachie de cette fin de ce siècle. 

« Guerrita » était également célèbre pour ses petites phrases et son franc-parler. À de jeunes toreros venus lui demander conseil et qui lui demandent « Maestro qu'est-ce qui est le plus difficile à faire en piste ? » Réponse : « Cracher. » À des aficionados qui lui demandent à quoi il attribue son succès : « Au fait que le taureau a des cornes. S’il n’avait pas de cornes, il y aurait des milliers de Guerrita. » Au roi Alphonse XIII qui l'invite à jouer aux échecs : « Sire, je vous remercie, mais je ne joue pas à ce jeu de pédales. » On connaît également son jugement sur la hiérarchie taurine à son époque : « D'abord il y a moi, après moi il n'y a personne, et après personne, Fuentes. » ( source : wikipedia ).

D'un fort tempérament, ils'attire les foudres d'une partie du mundillo. De plus,  il choisit systématiquement ses toros ce qui pousse Mazzantani à demander  la pratique du sorteo .

Le 15 octobre 1899, à l’issue d’une corrida à Saragosse, il annonce sa retraite, déclarant amer : « Je ne m’en vais pas des taureaux, on me chasse. »

Auteur : christophe


Cùchares : le réformateur de la corrida ( el arte de Cùchares )
 

Il y a maints cas dans la vie politique, artistique, culturelle où des hommes ont su s’élever, se révolter face  à l'ordre établi s'opposant  ainsi aux puissants conservateurs ; maintes conduites humaines qui ont commencé par donner un sens à  leurs actions et fini par inverser les courants , donnant leur sincérité pour la vérité.

 Francisco Arjona Herrera dit « Cúchares » ( né le 20 mai 1818 à Madrid, mort de la fièvre jaune à La Havane  le 4 décembre 1868 )  est considéré comme l'un des grands réformateurs de la corrida moderne , aujourd'hui le toreo est souvent présenté comme étant « l'art de Cúchares ».

Au XIXieme siècle, le tercio de muerte ( le troisième tiers est encore appelé ainsi de nos jours ... )  était réduit à sa plus simple expression , les toreros plaçaient naturellement le toro pour une mise à mort rapide. La muleta était alors  tenue de la main gauche ( al natural , naturelle )  et l'épée de la main droite; deux ou trois passes étaient  données et dés que l'occasion se présentait, le torero tuait le toro. ( L'école de Ronda, rigoureuse,  indiquait que " le torero devait  rapidement préparer son toro à recevoir l'épée dans une mise à mort irréprochable" ) .

Inventant de nouvelles passes, en tenant pour la première fois, la muleta de la main droite et positionnant l'épée afin d'agrandir la surface de la muleta, "Cúchares" révolutionna la corrida en créant le toreo du troisième tiers. 
Cuchares ( à l'instar de certains toreros encore de nos jours ) dut faire face à de virulentes critiques  de la part de conservateurs passéistes ; toujours grincheux face à la nouveauté,  soit disant tenant et garant de l'orthodoxie taurine mais ne garantissant que leur ego .

Socrates ( Σωκράτης Sōkrátēs) disait " tous croient savoir quelque chose mais ne savent pas qu'ils ne savent rien, moi je sais que je ne sais rien".  

Auteur : christophe

BELMONTE, « TORERO DE REVOLUTION »


                                                                     

 

 BELMONTE ET JOSELITO


            Au début du XXème siècle, dès 1914, la rivalité entre Juan Belmonte et Joselito marqua, selon l’expression du plus grand expert taurin français Claude Popelin « un moment d’apogée de la tauromachie. » Ce mano a mano entre les deux toreros dura  plusieurs années et enchanta les aficionados espagnols, probablement plus encore que la concurrence, quelques décennies plus tard entre Antonio Ordonez et Luis Miguel Dominguin.  Cette  extraordinaire et féconde rivalité avec Joselito  partagea l’Espagne et les intellectuels en deux, entre belmontistes et gallistes.

Juan Belmonte était physiquement laid et faible, souvent malade, et faisait passer les toros trop près de lui ; Joselito était bien plus beau, vigoureux, élégant et plein d’aisance. Mais c’est lui qui mourut dans l’arène. Belmonte est en pleine  partie de poker le 16 mai 1920 lorsqu’on lui apprend que son ami, son rival, son double Joselito, vient d’être tué par un taureau à Talavera de la Reina. Il n’y croit pas, se met en colère mais doit se rendre à l’évidence : il est comme foudroyé. Il s’effondre en larmes, ses familiers et ses domestiques pleurent tous. Il a l’impression que c’est pour lui que tous sanglotent et il sent alors « passer sa propre mort ».

  BELMONTE, FONDATEUR DE LA CORRIDA MODERNE 


            Rival chanceux de Joselito, Belmonte fut surtout considéré comme un génie de la corrida, le fondateur de la tauromachie moderne, celui qui a fait entrer véritablement l’art de Cuchares dans le XXe siècle. Il était chétif, prognathe, court de jambes et long de bras, mais comme il avait aussi du génie, il révolutionna la tauromachie en bouleversant les formes taurines fondées alors sur l’esquive et en inventant l’impassibilité, la lenteur rythmée du mouvement et les passes enchaînées dans un espace restreint, ce qui convenait parfaitement à son physique. Le premier, il toréa les pieds vissés au sol, ralentissant la charge, enroulant le toro autour de lui dans les plis de l’étoffe.

          Avant Belmonte, les toreros bougeaient, ne cherchaient surtout pas à ce que le toro les serre. À cette époque, la tauromachie était encore régie par cet axiome de Lagartijo : « Tu te mets là et tu t’enlèves ou c’est le toro qui t’enlève. » Belmonte imposa alors son nouveau principe : « Tu te mets, là, tu restes, et si tu sais toréer, le toro ne t’enlève pas. »  Il fut souvent « pris » par l’un de ses adversaires, et Guerrita disait qu’il fallait aller le voir avant qu’il ne soit tué. Pourtant c'est  Joselito  qui fut tué, un torero de l'école classique.  Tout comme Cuchares, il dut aussi faire face aux conservateurs garant de l'orthodoxie taurine supportant le traditionnel  Joselito.   L’écrivain, Ramon del Valle Inclan, qui était belmontiste, lui avait dit un jour : « Juanito, il ne te reste plus qu’à mourir dans l’arène », et ce, pour devenir un vrai dieu ;  Belmonte avait alors répondu : « On fera ce qu’on pourra Don Ramon. » Ce n’est pas faute d’avoir dévisagé et respiré la mort entre leurs cornes, mais les taureaux l’épargneront inexplicablement.

          Le post-belmontisme sera sanglant. À vouloir toréer comme lui beaucoup de ses imitateurs trouveront la mort sans la chercher. Après Belmonte, certains toreros tentèrent de retrouver la manière de celui qui était devenu un modèle pour eux. Aujourd’hui encore, l’immobilité du matador, la fixité de ses pieds pendant les passes, restent l’un des « juges de paix » de la corrida et contribuent à la beauté et à l’émotion que peut dégager le travail à la cape ou à la muleta.

 

   SON ENFANCE ET SES DEBUTS DE TORERO

         Belmonte est aussi entré dans la légende de l’aficion en raison de sa vie personnelle, que l’on peut qualifier de vrai roman d’aventures. Né le 14 avril 1892 à Séville, c’est un enfant pauvre et disgracié de l’Espagne andalouse, et il est l’archétype de ces maletillas qui, erraient de village en élevage, à la recherche d’une occasion de sortir de l’anonymat, se frottant dans des plazas minables à des toros assassins. Très tôt orphelin par sa mère, il vivait avec son père quincaillier : celui-ci fit faillite et plaça ses enfants  à l'assistance publique. Abandonné par sa famille, Belmonte s’intégra alors dans une bande de jeunes apprentis toreros, marginaux, anarchistes, fous d’orgueil et de dégoût pour la société : « Parias désespérés, nous nous auréolions de violence pour nous préserver d’un monde dont le ridicule nous blessait ».  Belmonte et ses amis, bravant les gardes, rôdent la nuit dans les élevages, séparent une vache ou un toro et arrachent quelques passes sous la lumière de la lune ou d’une lanterne. Sans aucune technique taurine, il fit ainsi son apprentissage clandestinement dans les fincas sévillanes à la tombée de la nuit.  Tout comme, bien plus tard, El Cordobes, Paco Ojeda et beaucoup d’autres moins connus, Belmonte apprit donc à toréer à la sauvette. Comme El Cordobes encore , il serra les dents face à la faim, la peur, la douleur, habité par l’obsession de s’en sortir en devenant un grand matador. Dans ces combats nocturnes, il se montra le plus brave. Les plus beaux et les plus forts souvenirs de Belmonte  ne furent pas les triomphes des arènes de Madrid ou Séville, mais ces duels clandestins nocturnes. Il se souvenait notamment, avec beaucoup d’émotion, de l’épisode durant lequel la guardia civil les avait repérés, et avait tué un de ces gamins, lesquels pour  ruser allèrent ensuite toréer la nuit. Il n’oubliera jamais ses débuts, et, devenu richissime, idolâtré, respecté, divinisé, Belmonte enverra du tabac et de l’argent à ses anciens complices, toreros clandestins, dans les prisons où les avaient mené leurs vies de mauvais garçons.

        Plus tard, considéré comme un gueux, Belmonte  rejeté par la caste taurine,  torée dans des arènes de village. Un jour, grâce à un ami de son père, le banderillo Calderon,  il obtint un engagement et remporta un triomphe… mais sous le nom du torero qu’il remplaçait et il ne gagna quelques sous qu’en attrapant le voleur de la recette !

       Il continua alors de traîner avec ces camarades d’infortune, surtout camarades « anarchistes de la tauromachie ». Ils négligeaient  fièrement le milieu des imprésarios sévillans  qui se montraient hautains envers ces apprentis toreros…Quant à eux, ils méprisaient royalement les deux toreros vedettes de l’époque : Machaquito et Bombita.  Leur idole à eux, petits voyous de San Jacinto, c’était un torero presque sourd, quasiment muet, pathétique et convulsif : Antonio Montes, lequel annonçait déjà dans son originalité le toreo de bras et non plus de jambes que serait Belmonte.

       Belmonte fit aussi la connaissance des proxénètes du négoce taurin sans être choqué pour autant de la dureté de ce milieu. Pour lui, le jeu est faussé dès le départ, à la naissance, et le regard qu’il jette sur la société et les hommes est froid, clairvoyant, lucide.

      Cet acharnement à vouloir toréer coûte que coûte et à se faire connaître est raconté par Manuel Chaves Nogales, l’un des biographes de Belmonte, dans son livre Juan Belmonte matador de taureaux.   Belmonte, par la voix de son biographe, raconte que, s’il toréait tout près de l’animal, c’est parce que, lors de ses débuts nocturnes et aventureux dans les champs, il ne fallait pas laisser sortir l’animal du faible halo des « deux quinquets au carbure » que trimbalaient les apprentis toreros. Cette explication faisait sourire Claude Popelin : pour lui, c’est bien plutôt la quasi-incapacité physique de Belmonte à courir qui l’obligea, puisque ses jambes lui refusaient ce service, à inventer cette immobilité magique.

      Peu à peu, de tientas mendiées en capeas de petits villages, de triomphes dérisoires en cogidas solitaires, le garçon disgracieux va pourtant parvenir à se faire un nom et un prénom. À un point tel que la critique va conseiller aux aficionados – l’anecdote est restée et resservira pour « El Cordobés » – de se dépêcher d’aller voir le torero dans ses œuvres suicidaires avant qu’il ne soit trop tard.

       Son ami Calderon qui croit dur comme fer en son talent, lui avait trouvé un contrat à Valence où il y avait fait un triomphe. Sa carrière part de là et file vite vers les sommets. Il connaît enfin la gloire et va toréer dans toute l’Espagne, en France où il fait ses débuts à Toulouse et même aux Amériques.  La pression de la ferveur populaire à son égard l’irrite un peu, néanmoins il sait que son succès est aussi celui de « ceux qui luttaient sans moyen contre la vie » .

 

SA CARRIERE

      La carrière de Belmonte va s’étendre du début des années 1910 jusqu’en 1936, année où il prit une retraite définitive. Les dates importantes :

-Débuts en novillada sans picadors : 24 juillet 1910 à Arahal, province de Séville.

- Débuts en novillada avec picadors : 21 juillet 1912 à Séville.

- Présentation à Madrid : 26 mars 1913.

- Alternative : à Madrid le 16 septembre 1913. Parrain, « Machaquito ».

- Premier de lescalafón en 1919.

- Retraite définitive1936

 

       La partie la plus glorieuse de sa carrière date de l’époque de sa rivalité avec son ami José Gómez Ortega « Joselito », de 1914 à la mort de celui-ci en 1920. Ces quelques années sont communément appelées l’« Âge d’Or » de la tauromachie par les aficionados, tant la rivalité des deux maestros fut intensive.

        Il entra dans la légende avec sa désormais historique corrida de mai 1917  et les cinq légendaires véroniques données sans rompre, sans bouger, « cinq véroniques sans rompre, oui dit Belmonte, mais surtout cinq corridas sans dormir ». Au début, le public crie « Dehors, Belmonte ! Qu’il s’en aille ! » . Sort le sixième et dernier toro de la course. Cinq véroniques parfaites renversent aussitôt la tendance et la « demie » met le public debout. Cette demie est sans doute la plus belle qu’on ait jamais donné et qui est rentrée dans les mémoires sous la plume des revisteros comme la « demi-véronique Belmontienne ». Suit une faena de même niveau qui n’obtiendra pas d’oreille car le public, ébloui et abasourdi par ce qu’il vient de voir, ne songe pas à les réclamer.

 Porté par le triomphe, Juan Belmonte  interrompit pourtant plus tard par deux fois sa carrière et la reprit la dernière fois pour un an seulement,  en France et à Nîmes en 1934.

            Sa carrière s’arrêta donc en 1935, date à laquelle  il cessa toute vie publique. Il avait alors atteint la dimension du mythe. Torero de révolution, il avait non seulement bouleversé la technique mais aussi porté la tauromachie au rang d’un art majeur par l’expression d’une beauté plastique jamais atteinte jusque-là.

   

LA FIN TRAGIQUE DE BELMONTE 
 
          Au début de 1962,  il règla ses affaires, puis le 7 avril, après avoir chaussé ses éperons, il se donna la mort dans sa propriété de Cardena, près de Séville en se tirant une balle dans la tête. On a su qu’il était amoureux de la rejoneadora Amina Assis, qu’on a pu voir toréer quelques années plus tard, en Arles. Elle était jeune et ravissante. Belmonte, lui, était vieux, laid et la gloire ne le portait plus à bras tendus comme au temps de ses triomphes…    

 

Sources : 

Manuel Chaves Nogales, biographie de Belmonte, sous le titre Juan Belmonte, matador de toros (Titre original : Juan Belmonte, matador de toros, su vida y sus hazañas).   /  Toros, 5 octobre 1990, par M. Darrieumerlou  /   Le Méridional, 22 septembre 1990, Juan Belmonte, la figura recomposée / La Marseillaise, samedi 22 septembre 1990,  par Jean Rossi / L’Événement du jeudi, 20 septembre 1990, par Michel Polac « Un vrai roman ! » /  Libération, 1er septembre 1990, par Jacques Durand, « Juan Belmonte, la forge de la nuit ».

 

Auteurs : Sophie et Christophe


José María Manzanares

                                                                                                      

Biographie :

    Le 14 avril 1953, à Alicante, naît José María Dols Abellán . Il hérite le surnom de son père le banderillo Pepe Manzanares qui lui inculque les bases du toreo. A treize ans, il torée sa première becerra.
    Le 15 juin 1969, à Ándujar il fait ses débuts en habit de lumières, un costume blanc argent ayant appartenu à Palomo Linares, avec une cape et une muleta de Paco Camino, devant des novillos de Francisco Sánchez. Le 27 juin, il coupe une queue à un taureau de Sánchez Cajo. Il ne participe qu’à quinze spectacles avec picadors et, le 24 mai 1970, à Benidorm, il fait ses débuts apodéré par José Barceló. Il se place en tête de l’escalafon en totalisant 42 prestations avec picadors.
    Peu avant son alternative, le 6 juin 1971, il se présente à Madrid et coupe 2 oreilles à un lot de Carlos Núñez et une de plus lors de sa répétition le dimanche suivant avec un « no hay billetes ». Il avait déjà fait ses adieux à l’aficion d’Alicante, avec un bilan de 9 oreilles et 1 queue.
    Le 24 juin, le doctorat est célébré à Alicante, en présence d’El Viti, Luis Miguel Dominguín qui lui cède la mort du toro « Rayito » d’Atanasio Fernández, auquel le torero d’Alicante coupe la queue. Cette année-là, il ne fait pas plus de 25 paseos en raison d’une hépatite et du service militaire.
     Le 18 mai 1972, il confirme à Madrid, et coup l’oreille du 6ème taureau. C’est cette année-là qu’il reçoit le seul grave coup de corne de sa carrière. L’hiver il fait sa première campagne américaine avec une confirmation à Mexico le 3 décembre 1972, avec Joselito Huerta et Curro Rivera devant « Gorrión » de Torrecilla. Il connaît son plus grand succès pour l’ "Escapulario de Oro" de la feria de Lima, trophée qu’il remportera de nouveau en 1979 et 1980.
    Il prend véritablement son envol en 1976, triomphant à Madrid, à Pampelune et à Bilbao, comptabilisant ainsi 73 prestations.
    En 1977, il conquiert l’aficion sévillane après avoir coupé 2 oreilles à un taureau de Núñez et fait de même à Madrid à un « Ibán », ce qui lui vaut en tant que matador sa première sortie a hombros.
    En 1978, il est à la tête de l’escalafon avec 89 prestations et atteint le summum avec son historique faena à « Clarín » de Manolo González, à la San Isidro.
    Pendant plusieurs saisons, il traverse une période critique – très virulente campagne de presse contre lui et mauvaise passe dans sa vie privée – et son état s’en ressent face aux toros mais il réussit à surmonter cet état grâce à l’amitié de Pablo Lozano.
    En 1984, il est de nouveau en tête de l’escalafon avec 72 paseos. La grande qualité de son toreo apparaît très souvent : ainsi devant un toro de Miura à Valence.
    En 1985, il est le torero de prélidection de l’aficion à la Maestranza, avec la faena à « Perezoso » de Torrestrella.
    En 1988, il est remarquable face à 6 toros à Alicante, et il gracie à Ronda le toro « Peléon » de Guardiola pour la corrida concours. Cette année-là, lors d’un mano a mano avec Cavazos, il fait succomber les arènes de Mexico.
    En 1989, il annonce sa retraite, qui sera de courte durée, en entamant cependant une décennie discrète quant au nombre de prestations.
    En 1993, il parvient  à vaincre l’ambiance de Las Ventas qui lui était restée jusqu’alors défavorable. Il coupe 2 oreilles à la San Isidro : sa quatrième sortie a hombros en 61 après-midi constitue un record de participation à la feria madrilène.
    Il est chaque année suivante inclus sur les affiches les plus prestigieuses. En 1996, il fait un semblant d’adieux, puis réapparaît en 2000 pour honorer 27 contrats. C’est à Séville, en avril, qu’il coupe sa dernière oreille. En 2004, il revient à Grenade et sort a hombros après avoir affronté une corrida d’Alcurrucén. Cette année-là, il torée 10 corridas, avec des faenas notoires à Antequerat et à Almagro, ayant eu l’occasion de faire le paseo lors des fêtes d’Alicante le 24 juin avec son fils José María qui avait pris l’alternative juste un an avant…


Le style de manzanares, "torero de toreros" :

Manzanares reste un des plus grands interprètes du toreo du XXème siècle, « le torero des torero» car il était, et représente encore, pour beaucoup de toreros, un modèle, une référence dans l’art tauromachique. Dès l’entrée dans l’arène, il s’imposait par son élégance naturelle qu’il continuait d’exprimer dans ses prestations. Il s’avéra un véritable artiste en raison de sa sensibilité, de sa classe, et de sa technique irréprochable : ainsi, il avait la faculté de ne jamais se faire toucher la muleta du début à la fin d’une faena. Par ailleurs, son toreo se distinguait par une attitude décontractée, une certaine lenteur dans ses passes  et sa capacité à templer la charge du taureau : il marquait ainsi le toreo de son propre tempo, cherchant avant tout la pureté et ne se soumettant jamais aux rythmes suscités par la tendance commerciale. Chacune de ses apparitions constituait un luxe et une leçon de toreo et de plaisir.

Source : Figuras du XXème siècle de Paco Aguado

Auteur : Sophie



hemingway       Hemingway ou la passion taurine

Hemingway, de la naissance de l’homme à la naissance de l’écrivain :

Hemingway est né en 1899 à Oak Park, banlieue de Chicago, au sein d’une famille  bourgeoise, très pieuse et étouffante. Après une excellente scolarité, Hemingway devient journaliste-reporter. La 1ère  Guerre Mondiale éclate : en avril 1918 le jeune homme rejoint l’Italie comme conducteur d’ambulance ; le 8 juillet sa vie bascule : un obus s’abat sur le groupe d’hommes dont il fait partie… Grièvement blessé, il se rétablit assez vite physiquement, mais désormais sa vie reste marquée par sa rencontre avec l’horreur, l’absurde et la mort, et par l’idée que les véritables héros sont ceux qui ont laissé leur vie au combat. Rentré aux USA, il se marie, retourne en Europe, s’installe à Paris en 1921 et concrétise enfin son envie et besoin d’écrire. C’est grâce à l’écriture et à ses deux passions, les courses de taureaux et la chasse, qu’Hemingway réussira à exorciser et oublier l’horreur de la guerre et l’absurdité de la vie.

Hemingway, un écrivain passionné de tauromachie :

Initié par une amie, Gertrude Stein admiratrice de Joselito, Hemingway devient vite un passionné des férias de taureaux et des matadors. Il s’abonne à la revue taurine toulousaine Toril et part dès 1923 en Espagne assister à de nombreuses corridas : Madrid, Séville pour la corrida de la Fête-dieu, Ronda, Grenade et en juillet Pampelune, autant de villes et de ferias qui enflamment sa passion naissante. Hemingway cultive cette passion salvatrice toute sa vie et la transpose dans certaines de ses œuvres devenues célèbres.

Ainsi, dans  Le Soleil se lève aussi (1926), œuvre à laquelle il doit le début de sa renommée, le lecteur suit à Paris, à Saint-Sébastien et surtout durant les fêtes de Pampelune, un groupe de jeunes gens, désaxés par la guerre et qui essaient de redonner sens à leur vie en cotoyant les aficionados espagnols et en partageant leur passion pour la tauromachie…Il est indéniable qu’Hemingway, par cette œuvre, a contribué très largement à donner aux Sanfermines une réputation mondiale, tant son coup de foudre en 1923 pour Pampelune et ses fêtes fut intense. C’est d’ailleurs à Pamplona qu’il sera toujours le plus fidèle en prenant ses habitudes à l’hôtel La Perla sur la place del Castillo, en trinquant avec ses amis sur les terrasses de ladite place, en s’enthousiasmant à l’encierro ou dans les arènes, en se remémorant les exploits de ses matadors favoris, car héroïques, dans des restaurants ou bars typiques navarrais comme Casa Marceliano…

En 1932, dans son recueil de nouvelles réalistes sur la tauromachie, Mort dans l’après-midi, Hemingway, dans un savant mélange de fiction et de réalité, n’hésite pas à tuer son idole de toujours Cayetano Ordoñez, « Niño de la Palma », comme dans De nos jours  (1925), où il avait fait mourir Maera, un de ses matadors préférés, figures pour lui de héros morts au combat…

Un peu plus d’un an avant de mourir, dans L’été dangereux, Hemingway retrace ses observations en Espagne sur les moeurs de la corrida, raconte et explore de nouveau le monde de la tauromachie,  et s’intéresse en particulier à l’affrontement, durant plusieurs semaines, entre ses deux amis Luis Miguel Dominguin et Antonio Ordoñez.

Ces œuvres d’Hemingway sont incontestablement un hommage brillant et incontournable à l’univers de la tauromachie et, par ailleurs, elles se lisent avec une délicieuse simplicité grâce au style sobre et épuré de cet immense auteur au réalisme pur et prenant.

En 1954, l’auteur reçoit le Prix Nobel de littérature. En son hommage, le Prix Hemingway, créé en 2004 par l’Association des Avocats du Diable Vauvert, récompense chaque année une nouvelle inédite dont le thème est la tauromachie, son monde et sa culture.

A vos livres ou à vos plumes…

Auteur : sophie




PABLO PICASSO

 « Si on marquait sur une carte tous les itinéraires par où je suis passé et si on les reliait par un trait, cela ferait peut-être un minotaure. » disait Pablo PICASSO.

                           
Détail de Guernica : l'horreur de la guerre, musée Reina Sofia - Madrid-

 Picasso et Dominguin, l’amitié entre deux talents scellée dans leur oeuvre Toros y toreros (1963)

Jean Cocteau présente en 1950 Picasso à Luis Miguel Dominguin. La rencontre se passe agréablement pour les deux hommes et rien ne laisse présager encore qu’elle marque le début de ce qui va devenir plus tard une intense relation amicale entre eux.
    En cette année 1950, Picasso a 69 ans et est un artiste mondialement reconnu depuis 1920, l’année durant laquelle sa notoriété est définitivement acquise. Peintre, dessinateur, sculpteur, céramiste et écrivain, il est le père fondateur du cubisme et a déjà derrière lui une immense et extraordinaire création artistique. Ainsi son talent est depuis longtemps à son apogée lorsqu’il rencontre Dominguin. Celui-ci n’a alors que 24 ans et néanmoins il n’a rien à envier à son aîné car lui aussi connaît la célébrité, au moins dans le milieu taurin, depuis qu’il a obtenu à Bogota, en Colombie, le grade de matador de toros à 15 ans. Trois ans après, âgé de 18 ans, il confirme son  alternative en Espagne dans les arènes de La Corogne puis à la San Isidro de Madrid, son parrain étant le non moins célèbre Manolete.
    Depuis bien longtemps avant leur rencontre, Picasso est un passionné de courses de taureaux, courses et  taureaux qu’il a moult fois représentés en peinture, sculpture, etc, avec, entre autres, les fameux  Minotauromaquia 1933-1936,  Guernica 1937 et Tauromaquia 1957. Très souvent dans les arènes de Nîmes ou d’Arles, l’artiste  a déjà vu toréer Dominguin. Aficionado, il est cependant plus proche du  public appréciant avant tout le combat « viril » entre l’homme et la bête, que du public averti qui apprécie surtout la technique. D’ailleurs, avant de rencontrer Dominguin, il parlait  de ce dernier en le qualifiant  de « torero pour la Place Vendôme ».  Peut-être est-ce d’ailleurs cette définition péjorative de la part de Picasso qui fera que leur relation complice ne s’installera que peu à peu comme dans ces faenas où règne la défiance et qui commencent par des passes de tanteo, d’évaluation…Ainsi cet « incident » entre eux : après leur rencontre, à la fin de la temporada, Picasso souhaite faire le portrait du torero et, pour se faire, l’invite chez lui en Provence. Dominguin ne se rend pas à cette invitation arguant qu’il préfère se divertir loin du milieu taurin. Lorsque les deux hommes se revoient, Picasso ne se prive pas alors d’exprimer au jeune torero son mécontentement teinté d’amertume en lui signifiant, notamment, que  personne ne s’était jamais permis de refuser une telle offre ! Dominguin  ne se laisse pas impressionner et réplique sûr de lui : « Je veux que tu me peignes lorsque tu me connaîtras bien. Pas avant ». Chacun a pu jauger le tempérament de l’autre, la relation peut désormais se construire à cœur ouvert. Dès lors, ils ne vont cesser de se fréquenter, de s’apprécier, d’échanger, de s’inviter avec leurs familles respectives. Picasso garde même les enfants de Dominguin lorsque celui-ci part toréer en Amérique. Le dessin du Toro à quatre oreilles de Picasso est une réponse au jeune fils du torero qui âgé de 5ans demande à l’artiste : « Pourquoi un toro a quatre pattes et pas quatre oreilles ? ». Pourquoi pas en effet ? Le dessin de Picasso concrétise ainsi l’imagination de l’enfant...A la demande de Dominguin, son ami Picasso lui dessine lui-même son costume de lumières et peut effectuer enfin le portrait de celui-ci à l’encre de chine.
Leur plus belle entente reste leur collaboration  pour leur œuvre  « Toros y Toreros » parue au Cercle d’art en 1963. Picasso y expose ses gravures inspirées de la  fine et fière silhouette de son ami Dominguin lequel  en a écrit les textes et le prologue dans lequel il note entre autre: « Pablo s’intéresse à tout ce que je fais. Il est impatient de mes succès possibles. Mais il serait heureux le jour où il apprendrait ma retraite…ou ma mort dans l’arène. Pablo pleurerait : « il a accompli son destin ». C’est juste. La mort est promise. Et la corrida n’est que son cérémonial plus ou moins heureusement mis en scène ». Picasso décède 10 ans après la parution de cette œuvre, laissant le torero profondément affecté par la perte de son ami. Bien des années plus tard, ce dernier n’hésitera  pourtant pas à sortir de sa retraite silencieuse pour évoquer son ami de génie dès qu’il s’agira de lui rendre à hommage…



Dominguin par Pablo Picasso
Auteur : sophie

Goya

   

La vie de Goya en quelques dates importantes:

 

                                  

                   

o      1746 : naissance de Francisco Goya y Lucientes à Fuentetodos près de Saragosse

o      1771 : Goya obtient le second prix de peinture de l’Académie de Parme

o      1775 : il s’établit à Madrid comme peintre au service des Bourbon d’Espagne

o      1786 : nommé peintre officiel du roi d’Espagne

o      1790 : il s’éloigne temporairement de la Cour et réalise ses chefs- d’œuvre les plus célèbres

o      1816 : parution de ses gravures Estampes de la Tauromachie

o      1824 : il s’installe en France pour des raisons politiques et médicales

o      1825 : réalisation d’un recueil de lithographies appelé Les Taureaux de Bordeaux

o      1828 : meurt à Bordeaux.

La corrida goyesque

 

            La corrida goyesque, ou corrida goyesca, se déroule de la même façon qu’une corrida traditionnelle « normale ».

Sa seule différence réside dans l’habit de lumières du torero : en effet, la corrida goyesque s’effectue en costume de l’époque de Goya soit celle du début du XIXème. Ainsi, les paillettes sont quasiment absentes et la décoration du costume est faite essentiellement de broderies. La taleguilla n’est pas moulante comme actuellement mais ample. Le torero est coiffé d’un bicorne à la place de la montera et ses cheveux, s’ils sont longs, sont retenus dans une résille. Enfin, le torero défile avec le capote normal porté sur l’épaule car au XIXème le capote de paseo n’existe pas.

Parmi les corridas goyesques les plus réputées se trouvent celles de Ronda et  d’Arles. A sa Feria du Riz, depuis 3 ans, Arles fait appel à des artistes célèbres pour décorer les arènes lors de ses corridas goyesques. Ainsi, en 2005, Christian Lacroix a magnifié l’amphithéâtre taurin mettant en valeur les corridas goyesques qui s’y déroulaient…

 


Auteur : sophie